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Deux bois flottés presque jumelés à la surface de l’océan. Dans quelques heures d’infimes différences à l’intérieur même du courant qui les meut, d’insignifiantes nuances dans leur flottabilité, les auront séparés de quelques mètres. Puis l’un d’eux sera pris par un autre système, un autre flux, demain ils seront à des kilomètres l’un de l’autre, jamais plus ils ne se retrouveront, une semaine après le naufrage on retrouve des épaves dispersées sur des milliers de kilomètres carrés.

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Dabek lit : deux bois flottés séparés par des centaines de kilomètres, dans une semaine des muscles liquides et invisibles les auront conduits l’un à l’autre, plus jamais ils ne se sépareront.

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Dabek ouvre dans le sens de la longueur un bâton de pluie, comment c’est fait à l’intérieur. Les graines s’échappent. Il le recolle. Il s’est mis à pleuvoir. Les graines germent, des arbres poussent, leurs très larges feuilles retiennent un temps la pluie, puis la distillent alors que le beau temps est revenu. Dabek procèdera régulièrement à des expériences similaires avec d’autres objets magiques, exemple un fil de funambule, exemple un drone.

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J’ai la télécommande, nous sommes tous les deux sous la tente, je te dis « Reste, il va pleuvoir », et les premières gouttes, sur la toile tendue, te donnent envie de rester dans mes bras. Dès lors mes drones canadair peuvent rentrer à la base, demain j’irai comme ce matin remplir leur réservoir avec l’eau du robinet.

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La mort du mortel n’est pas totalement la mort. On remue la terre, on trouve un os, une dent, quelque chose qui survit, qui fera rejaillir la flamme.


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La perspective de l’incinération me fait froid dans le dos